L'eczéma est souvent sec, mais en pleine crise il peut devenir suintant. Cette vision alimente l'imaginaire que quelque chose a besoin de sortir à travers la peau, et ce quelque chose est de l'ordre du mal.
Pour un certain nombre de médecins, ce mal correspond aux toxines qui s'évacuent par la peau, reprenant ainsi la vieille théorie des émonctoires, datant de 2500 ans émise par Hippocrate lui même.
Pour d'autres, c'est le mal être intérieur qui parle, qui s'exprime, qui sort
La conséquence de ce système de pensée est malheureusement très délétère pour le patient, car il débouche sur le refus du traitement de la peau, lequel viendrait contrarier un phénomène de purification.
Qu'en est-il vraiment ?
Les toxines (mais de quoi parle-t-on?) sont effectivement évacuées par la peau à travers la sueur et le sébum, c'est à dire grâce aux glandes sudorales et sébacées, et pas du tout à travers la peau elle - même
L'eczéma est la conséquence d'une inflammation à travers la peau elle-même. Cette inflammation brûle les cellules de notre peau, lesquelles libèrent l'eau qu'elles contiennent. D'où l'aspect suintant. N'oublions pas que nous sommes composés à 60% d'eau. Le suintement ne sert donc pas à évacuer des toxines, il est juste le reflet de l’intensité de l’inflammation.
Y aurait-il des toxines à évacuer par la sueur et le sébum, qu'elles le seraient tout autant l'eczéma traité ou pas.
Le fait est : quand on regarde la peau en crise au microscope, on voit les cellules du système immunitaire partir du bas de la peau vers le haut de la peau.
L'interprétation : les cellules du système immunitaire seraient les transporteurs des toxines vers l'extérieur
Cette interprétation est fausse.
Les cellules du système inflammatoire sont là en réponse aux agents extérieurs ( pneumallergènes, tabac et pollution ) de l'air qui rentrent à travers cette peau poreuse et qui ne devraient pas rentrer.
Le slogan scientifique actuel deviendrait : il ne faut pas que ça rentre
au lieu du slogan d'il y a 2500 ans : il faut que ça sorte
c'est toute l'importance de l'application des émollients tous les jours sur toute la peau pour empêcher le passage des particules de l'air de l'extérieur vers l'intérieur
Pour autant cette théorie est intéressante à considérer car elle attire l'attention sur un phénomène que la plupart des atopiques ont remarqué : l'impact de la sueur sur leur peau. La sueur intervient donc bien dans les crises comme facteurs déclenchant.
Son mode d'action est l'aggravation du déséquilibre de la flore cutanée, c'est à dire du microbiote de la peau. Ce petit monde composé de 10 millions de bactérie au centimètre carré de notre peau donne la part belle au staphylocoque, lequel on le sait depuis peu va aggraver l'inflammation. Il y a donc bien un cercle vicieux entre la sueur, le staphylocoque et l'inflammation, donc la crise d'eczéma.
La sueur n'interviendrait-elle que sous l'effet de la chaleur ou de l'effort ?
Donc uniquement dans les conditions où nous transpirons plus ? Non elle intervient aussi au quotidien, sans effort particulier, uniquement par les variations de sa composition.
En effet, nous transpirons tous 300 ml par jour à partit des 2 millions de glandes sudorales présentes dans notre peau. La sueur ne contient pas que de l'eau mais aussi des sels minéraux et encore d'autres substances qui lui donnent un certain degré d'acidité. Quand la composition de la sueur change ou quand son acidité change, cela impacte le microbiote, donc le staphylocoque, et déclenche une poussée de dermatite atopique. Il devient donc important de savoir ce qui fait changer la composition de la sueur : et il s'agit là de l'alimentation. Voilà un levier facile à prendre en compte. Plus l'alimentation est salée, plus l'alimentation est riche en sucre rapide et plus la sueur va impacter la peau...
En résumé,