"J'en ai marre de passer les crèmes, ça revient tout le temps, et puis ça ne marche pas, faites quelque chose, faut que ça parte"
Le préjugé caché dans cette injonction concerne la difficulté à concevoir l'investissement indispensable du patient pour gérer son problème. Cette attitude n'est pas du tout acquise dans notre culture. Pourquoi ?
« Mais enfin, docteur on sait aller sur la lune et vous me dites qu'il faut que je passe de la pommade tous les jours ? Vous rigolez! » La confusion entre la technologie et la biologie est habituelle. La toute puissance technologique envahit l'imaginaire et le retour à la réalité via un médicament en tube ne correspond pas à l'illusion de la performance…
« Mais vous ne vous rendez pas compte du temps perdu à passer vos produits ! » Autant la remarque précédente nous projetait dans la technologie autant cette réflexion nous ramène au contraire à nos racines culturelles où depuis des siècles le corps est une portion secondaire de notre vie, loin derrière la raison ou la spiritualité. Là où d'autres cultures perpétuent un savoir faire du massage et des soins du corps, dans nos sociétés occidentales, le corps est le lieu de l'interdit moral ou celui de la limite insupportable à accepter (transhumanisme). Le corps pose problème alors qu'il est notre terre première. Se toucher, passer une crème n'est pas forcément un geste facile et la crainte d'amener des microbes avec la main n'en est qu'un exemple.
Cette méconnaissance du corps et de son fonctionnement a donc cautionné le préjugé qu'en cas de problème c'est aux des soignants d'amener la solution. Allez demander à un chinois ce qu'il en pense, il vous dira qu’il est de sa responsabilité de prendre soins de son corps à travers la nourriture et l'entretien physique...voilà qui n'est pas vraiment un discours habituel chez nous !
Pour accepter une nouvelle idée, il faut être capable de détruire l'ancienne. Les métaphores sont là très intéressantes : j’utilise celle du permis de conduire. Il s’agit d’un jeu de rôle facile à utiliser en consultation :
L’alliance thérapeutique est scellée, le patient est d’accord pour apprendre !